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CHARLES GOUNOD, MÉMOIRES D'UN ARTISTE - Lettres >  Lettres VII 
A MONSIEUR PIGNY1, 
rue d'Enghien, Paris. 
La Luzerne, mardi 38 août 1855. 
Mon bon et cher Pigny, 
Dans la lettre que je reçois d'elle aujourd'hui, ma mère me parle, avec la 
reconnaissante émotion d'un cœur qui s'y connaît, des attentions toutes filiales 
que vous lui avez témoignées depuis mon départ et des précautions délicates dont 
vous lui avez offert d'entourer, par votre assistance personnelle, son 
déménagement de la campagne, pénible à ses années déjà lourdes, si réduit qu'il 
soit par la simplicité de ses habitudes et de sa vie. 
Vous qui avez, dit-on, une mère Dévouement, une mère Abnégation (j'emploie les 
noms à dessein, car les épithètes ne suffisent pas pour ces sortes de cœur-là), 
vous me comprendrez si je vous dis que donner à ma mère, c'est me donner, à moi, 
ce qui m'est le plus doux et le plus cher : car c'est me suppléer et m'aider 
dans une œuvre que je n'accomplirai jamais selon mon cœur, c'est-à-dire lui 
rendre une faible partie de ce que sa longue, digne et laborieuse existence m'a 
prodigué de soins, de sacrifices, d'inquiétudes, de dévouements de tout genre; 
en un mot, nous avons été toute sa vie, elle n'aura été qu'une portion de la 
nôtre!... 
Croyez, mon cher Pigny, que je suis profondément touché de voir votre âme déjà 
si parente pour moi, et rien, avec l'affection unanime qu'on vous porte ici, ne 
pouvait vous donner plus de titres et plus
de droits à la mienne que la pieuse déférence dont vous avez fait si 
cordialement l'hommage à ma vénérée et bien-aimée mère. 
CHARLES GOUNOD. 
1. M. Pigny, architecte, avait épousé, lui aussi, une fille de Zimmerman. ***
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