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CHARLES GOUNOD, MÉMOIRES D'UN ARTISTE - Avertissement > Avertissement AVERTISSEMENT
Les pages qu'on va lire sont un récit des événements qui ont le plus
intéressé ma vie d'artiste, des impressions que j'en ai ressenties, de
l'influence qu'ils ont pu exercer sur ma carrière, et des réflexions qu'ils
m'ont suggérées. Sans m'abuser sur le degré d'intérêt qui peut s'attacher à mon
individu, je crois que le récit exact et simple d'une existence d'artiste offre
des enseignements utiles, qui, parfois, se cachent sous un fait ou sous un mot
sans importance apparente, mais qui se rencontrent avec la disposition d'esprit
ou le besoin du moment. Le fait le plus indifférent, le mot le moins prémédité
est. souvent une opportunité ; j'en ai fait l'expérience, et ce qui m'a été
utile ou salutaire peut l'être à d'autres.
Dans des « Mémoires », on a beaucoup, on a même à chaque instant à parler de
soi. J'ai tâché de le faire avec impartialité dans mes jugements ; je l'ai fait
avec exactitude et véracité dans le récit des événements, ou lorsqu'il s'agit de
rapporter les paroles d'autrui à mon sujet. J'ai dit avec sincérité ce que je
pense de mes ouvrages ; mais le hibou se trompait dans son jugement sur ses
petits, et je ne suis pas plus que lui à l'abri de l'illusion. Le temps, s'il
s'occupe de moi, donnera la mesure de mes appréciations; c'est à lui que je m'en
rapporte pour me mettre à ma place, comme il fait de toute chose, ou pour m'y
remettre si j'en suis sorti.
Ce récit est un témoignage de vénération et d'amour envers l'être qui nous
donne le plus d'amour en ce monde, une mère. La mère est, ici-bas, la plus
parfaite image, le rayon le plus pur et le plus chaud de la Providence ; son
intarissable sollicitude est l'émanation la plus directe de l'éternelle
sollicitude de Dieu.
Si j'ai pu être, ou dire, ou faire quelque peu que ce soit de bon pendant ma
vie, c'est à ma mère que je l'aurai dû ; c'est à elle que je veux en restituer
le mérite. C'est elle qui m'a nourri, qui m'a élevé, qui m'a formé : non pas à
son image, hélas! c'eût été trop beau ; et ce qui en a manqué n'a pas été de sa
faute, mais de la mienne.
Elle repose sous une pierre simple comme l'a été sa vie.
Puisse ce souvenir d'un fils bien-aimé laisser sur sa tombe une couronne plus
durable que nos immortelles d'un jour, et assurer à sa mémoire, au delà de ma
vie, un respect que j'aurais voulu pouvoir rendre éternel! ***
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