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CHARLES GOUNOD, MÉMOIRES D'UN ARTISTE - Lettres > Lettres V
MONSIEUR CHARLES GOUNOD,
47, rue Pigalle, Paris,
19 novembre.
Mon cher Gounod,
Je viens de lire très attentivement vos chœurs d'Ulysse. L'œuvre, dans son
ensemble, me parait fort remarquable et l'intérêt musical va croissant avec
celui du drame. Le double chœur du Festin est admirable et produira un effet
entraînant s'il est convenablement exécuté. La Comédie-Française ne doit ni ne
peut lésiner sur vos moyens d'exécution. La musique
seule, selon moi, attirera la foule pendant un grand nombre de représentations.
Il est donc de l'intérêt le plus direct, le plus commercial, du directeur de ce
théâtre, de faire au compositeur la part large dans les dépenses et la mise en
scène d'Ulysse; et je crois qu'il la lui fera telle. Mais ne faiblissez pas.
Il
faut ce qu'il faut, ou rien. Prenez garde aux chanteurs que vous chargerez de
vos solos : un solo ridicule gâte tout un morceau.
A la page marquée d'une corne, se trouve une faute de ponctuation dans la
musique du commencement d'un vers que je vous engage à corriger. Les honnêtes
gens ne doivent pas scander ainsi ; laissons cela aux pacotilleurs.
Mille compliments empressés et bien sincères.
Votre tout dévoué,
H. BERLIOZ. ***
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