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Accueil de la bibliothèque > Aspects de la contrebasse solitaire par Anne Salliot (1994)

Aspects de la contrebasse solitaire - QUATRIEME PARTIE : Théâtre - Les traditions du concert reniées

QUATRIEME PARTIE : Théâtre > Les traditions du concert reniées

II- Les traditions du concert reniées

Au concert, l'entrée sur scène de l'artiste, les prémices de l'exécution (installation de l'interprète, accord de l'instrument), puis la sortie de l'interprète, sa prestation finie, constituent une part du rituel du concert. La musique contemporaine rompt dans de nombreuses oeuvres avec ces traditions du concert.

A- Entrée et sortie de l'artiste

J'ai tant rêvé de Sharon Kanach est un exemple d'abandon volontaire des traditions du concert, dans l'arrivée et le départ de l'instrumentiste : celui-ci entre sur scène portant la contrebasse comme une croix pour l'amener devant le pupitre ; il quitte ensuite la scène en laissant traîner sa contrebasse derrière lui. Dans Piège I, J. Richer demande à l'interprète de sortir sans son instrument, la contrebasse doit alors quitter la scène seule (tirée par des fils...). Citons encore Suite surréaliste de Pillinger1, ou le contrebassiste sort de la housse de contrebasse en pyjama et bonnet de nuit !

Ces déplacements de l'instrumentiste, ou de son instrument sont caractéristiques d'une recherche d' indépendance face aux usages établis, mais ils ne sont pas spécifiés comme tels dans la partition. L'effet théâtral découle pour le public inévitablement du reniement des traditions du concert. Le public applaudit lors de l'entrée ou delà sortie de l'instrumentiste. Le spectateur est alors inscrit dans l'action de l'oeuvre, puisque ses réactions sont anticipées par le compositeur, qui peut ainsi les exploiter. En 1965, la Sequenza III pour voix de Berio rend compte de cet axe de recherche du compositeur ; lorsque la chanteuse entre, les applaudissements doivent recouvrir le début de l'oeuvre.

B- A propos des prémices du concert

L'accord de l'instrument, à l'aide des harmoniques pour la contrebasse, s'effectue fréquemment devant le public. Cette action fait donc partie encore une fois du rituel du concert.

Improvisations pour contrebasse seule de E. Kurtz accorde une grande place à l'accord de la contrebasse. E. Kurtz écrit : "L'interprète doit donner l'impression que l'oeuvre prend naissance à l'instant même où il accorde son instrument."2 Trois parenthèses figurent alors dans la partition. La parenthèse A demande à l'interprète "d'attacher beaucoup de soin à la vérification de l'accord, faisant preuve d'initiative et d'imagination... il est néanmoins reconnu d'observer une certaine sobriété, un effet volontairement comique serait déplacé." Dans la parenthèse B, l'interprète vérifie de nouveau la justesse des premières cordes. Malgré cette intégration de l'accord dans la partition, le compositeur signale que l'oeuvre commence véritablement après la parenthèse C.3 Cette attitude du compositeur semble quelque peu ambiguë : l'effet comique est rejeté, l'oeuvre débute réellement après les différents accords, qui font pourtant partie de cette oeuvre ! En fait, le public reçoit le début de l'oeuvre avec une attitude de surprise, puisque le rituel de l'accord est répété trois fois. J. M. Colin au cours de l'oeuvre Gestique I renouvelle également trois fois l'accord au cours de l'oeuvre en spécifiant : "l'action doit être perçue par
l'auditeur."

L'accord, élément indispensable d'une représentation, devient un moyen de joindre l'utile (car l'accord garde sa fonction première) au théâtral.

Le début de Valentine, de J. Druckman "petite pièce à la manière de Kagel"4, constitue encore un exemple de rejet des habitudes. Il est demandé au contrebassiste de jouer des séquences dans un ordre quelconque, à la la limite de l'audible pour le public. Celui-ci doit donc percevoir la particularité de l'action de l'interprète ("the performer making furiously passes at the instrument"5). Après vingt secondes de jeu théâtral, "plus visuel qu'auditif"6, le contrebassiste sans la moindre interruption, reprend "normalement" le cours de la pièce.

A l'interprète, est confié le rôle d'évaluer la proportion du comique, du théâtral, dans les effets recherchés par le compositeur. Il s'agit d'une interprétation peu commune de la notation, qui peut résulter de la collaboration entre compositeur et interprète.

1- Franz Pillinger compositeur et interprète, a remporté avec cette pièce le concours de composition organisé par MC2 Octo Bass. Suite surréaliste a été créée au festival international de la contrebasse, à Avignon, août 1994.
2- Eugène Kurtz. Improvisations pour contrebasse seule, Pais : Jobert, 1968, notes d'interprétation.
3- Ibid.
4- (article non signé). "Festival", Le Monde, 29 juin 1984.
5- Jacob Druckman. Valentine, New York : MCA, 1970, notes d'interprétation.
6- Ibid.

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- Table des matières
- Avant-propos
- Introduction
- PREMIERE PARTIE : Présentation de l'instrument
- DEUXIEME PARTIE : Quelques aspects de l'écriture
- TROISIEME PARTIE : Exploration de l'instrument
- QUATRIEME PARTIE : Théâtre
- Conclusion
- Bibliographie
- Annexes

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