Aspects de la contrebasse solitaire - QUATRIEME PARTIE : Théâtre - Les oeuvres concernéesQUATRIEME PARTIE : Théâtre > Les oeuvres concernées
C- Les oeuvres concernées
Certaines oeuvres considérées dans cette partie revêtent quelques aspects
théâtraux sans être réellement apparentées au théâtre instrumental défini par
Kagel. D'autres affichent plus franchement leur appartenance à un tel genre.
Dans tous les cas, deux éléments caractéristiques des tendances théâtrales se
distinguent, qui impliquent une nouvelle forme d'investissement de l'interprète
:
- Le rejet des traditions du concert.
- La primauté du geste (geste instrumental, geste vocal).
Ces éléments constituent des critères décisifs dans le choix des oeuvres
étudiées. Ils sont nécessaires (les deux éléments ne sont pas systématiquement
réunis) et suffisants pour engendrer des effets théâtraux. La théâtralité qui
s'instaure ne correspond pas systématiquement à l'effet recherché par le
compositeur. Sharon Kanach écrit à propos de J'ai tant rêvé : "Des
éléments considérés comme extra-musicaux (présence de l'interprète dans
l'espace, le corps de l'instrument, voix de l'instrumentiste) sont intégrés pour
définir un matériau purement musical et non pas théâtral." Comment considérer
alors l'entrée sur scène de l'artiste portant sa contrebasse comme une croix ?
Voici un tableau des oeuvres répertoriées. Les oeuvres Concerto pour piano
et orchestre de John Cage, Sonant de Kagel (pour guitare, harpe,
contrebasse et instruments à peau) bien que n' appartenant pas au répertoire
pour contrebasse seule, sont prises en compte, car elles ont introduit le geste
instrumental et théâtral dans l'oeuvre musicale.
Les aspects théâtraux sont mis en valeur par un geste vocal (v.), un geste
instrumental (i.), ou les deux (i. v.).
Date |
Oeuvre |
Compositeur |
i. v. |
i. |
v. |
1959 |
Concerto pour piano et orchestre |
Cage |
|
X |
|
1960 |
Sonant |
Kagel |
X |
|
|
1968 |
Improvisations |
Kurtz |
|
X |
|
1969 |
Valentine |
Druckman |
X |
|
|
1974 |
Lignes interrompues |
Richer |
X |
|
|
1975 |
Alice |
Finissy |
|
X |
|
1976 |
Gestique I |
Colin |
|
X |
|
1978 |
Comme Shirley |
Piechowska |
|
|
X |
1979 |
J'ai tant rêvé |
Kanach |
X |
|
|
1979 |
Piège I |
Richer |
|
X |
|
1981 |
Zab |
Boivin |
X |
|
|
1986 |
Processus II |
Finzi |
|
|
X |
1990 |
Silence IV |
Léandre |
|
|
X |
1991 |
Taxi |
Léandre |
|
|
X |
La théâtralisation de l'oeuvre musicale implique plusieurs faits.
L'instrumentiste devient instrument, il est sollicité non seulement en tant que
contrebassiste, mais également en tant que source sonore et théâtrale, comme son
instrument. La contrebasse, dont la présence scénique est alors réellement
considérée comme moyen de créer des effets, évolue dans l'espace. La notation
est directement touchée par ces préoccupations (spatialisation, expressions
théâtrales...). Elle doit pouvoir répondre aux nouvelles exigences du
compositeur, et traduire ses intentions, les plus extravagantes parfois.
1- Sharon Kanach. Documentation CDMC.