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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Production du son - Anches > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Production du son - Anches Avant de quitter les tuyaux, nous avons encore à examiner les diverses façons
dont ils peuvent être mis en vibration.
Les cordes, dont nous avons fait le point de départ, sont susceptibles d'être
ébranlées de trois manières : par un doigt qui les pince, par un archet qui les
frotte, par un marteau qui les frappe.
Les tuyaux entrent en vibration sous deux influences distinctes : par le
frôlement de l'air se brisant contre l'un
de leurs orifices, et par le jeu de l'anche. Sans ce brisement du souffle, il n'y
aurait pas cause de vibration. Remplacez un archet par un bâton d'ivoire
parfaitement poli, soigneusement enduit de savon et ne présentant aucune
aspérité: vous pourriez le promener indéfiniment sur une corde sans qu'il en
résultât aucun son. Au contraire, l'archet en crin, déjà rugueux par lui-même,
est frotté de colophane, de résine, et c'est par son agrippement qu'il ébranle
la corde. De même un courant d'air parfaitement égal, ne rencontrant aucune
obstacle qui le brise, passerait au-dessus d'un tuyau sans le mettre en
vibration ; il est nécessaire que l'air soit déjà dans un état de frémissement,
pour que le tuyau puisse trouver à choisir dans ce frémissement même des chocs
correspondant à l'une ou l'autre de ses périodes de vibration.
L'anche
est une languette souple, en bois ou en métal, disposée de telle façon que l'air
ne puisse pénétrer dans le tuyau sans la déranger de sa position d'équilibre, et
provoquer chez elle, par conséquent, des pulsations plus ou moins rapides, selon
sa longueur, sa largeur et sa densité. Par elle-même elle ne donnerait qu'un son
nul, imperceptible; elle n'est donc pas le corps sonore, qui reste, comme dans
tous les tuyaux, la colonne d'air, mais seulement un procédé particulier de mise en vibration de cette colonne.
On distingue l'anche battante, qui ferme entièrement l'ouverture et vient
frapper ses bords à chaque pulsation, en ajoutant un bruit assez désagréable au
son musical, et l'anche libre, que nous venons de décrire, et dont voici la
figure, en coupe et en perspective (fig. 21).
Une paille de 15 à 20 centimètres, si on en soulève une partie voisine d'un
nœud, de façon à former une petite languette de 2 à 3 centimètres, comme on le
voit ci-dessous (fig. 22), donne un son déjà musical, et nous offre
le type le plus simple et le plus rudimentaire de l'anche libre. Le modèle du
genre, c'est le larynx; car la voix humaine n'est pas autre chose qu'un
merveilleux instrument à anche, dont la perfection n'a été atteinte par aucun
facteur.
Pour en finir avec les anches, disons que dans le jeu de certains instruments,
appelés instruments à embouchure (cors, trompettes, etc.), les lèvres de
l'exécutant font office d'anche double ; leur pression contre les parois de
l'embouchure modifie leur tension, qui à son tour détermine le mode de
subdivision de la colonne d'air qu'elles commandent.
Dans le hautbois et le basson, l'air ne peut pénétrer dans le tube sonore qu'en
passant entre deux anches en roseau, appuyées l'une contre l'autre et pressées
par les lèvres de l'artiste.
Nous reviendrons en temps et lieu sur ces diverses applications du principe
anche.
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