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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Production du son - Diapason > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Production du son - Diapason Les membranes ou peaux parcheminées, tendues circulairement, font entendre des sons d'autant plus aigus qu'elles sont plus
fortement tendues et de plus petite dimension. Je ne crois pas qu'on ait jamais
déterminé les lois de rapports exacts de leurs vibrations, ce qui n'aurait
d'ailleurs aucune importance pour nous, les sons qu'elles donnent étant toujours
confus, sans netteté, et se rapprochant plus du bruit que du son musical. Une
exception doit être faite pourtant en faveur des timbales, qu'on arrive
réellement à accorder, au moyen de nombreuses vis de tension disposées à leur
périphérie.
La seule particularité que nous ayons à noter ici, parce que nous aurons un
parti à en tirer plus tard, c'est qu'une membrane est apte à produire
simultanément ou successivement beaucoup de sons différents, plus ou moins
justes ou faux, et souvent d'une grande intensité.
Il en est un peu de même des plaques métalliques. quoique chez elles les sons
soient sensiblement plus nets ; leur note fondamentale est généralement
accompagnée d'harmoniques très élevés et discordants entre eux, d'où résulte
leur timbre spécial, qu'on est libre de trouver plus ou moins agréable. D'une
façon générale, on peut dire que leurs vibrations sont en raison directe de leur
épaisseur et en raison inverse de leur étendue, de leur surface.
Plus intéressantes sont les vibrations des verges ou lames métalliques, qui
rendent, dans beaucoup de cas, des sons musicaux parfaitement déterminés.
Qu'elle soit frappée par un marteau ou ébranlée par le frottement d'un archet,
une lame varie d'intonation en raison inverse du carré de sa longueur; ainsi, en
supposant que l'ut de 1,034 vibrations soit produit par
une lame de 18 centimètres de longueur, une autre lame du même métal et de la
même épaisseur, mais de longueur moitié moindre, soit 9 centimètres, donnera non
l'octave au-dessus, ce qui serait si les verges suivaient la loi des cordes tendues, mais
un son situé deux octaves au-dessus, l'ut de 4,138 vibrations.
Il va sans dire que l'épaisseur de la lame exerce aussi une action; en ce cas on
peut considérer que le nombre des vibrations est en raison directe de
l'épaisseur du corps vibrant.
La plus importante application du principe des verges vibrantes est le diapason,
instrument donnant un seul son fixe, unique et à peu près invariable, et dont on
se sert pour mettre d'accord entre eux les divers éléments de l'orchestre.
Théoriquement, le diapason est une verge d'acier fixée au milieu, qui est par
conséquent un point nodal, et libre à ses extrémités. Son mode de vibration le
plus simple est donc représenté ainsi (fig. 23) :
un noeud au milieu, un ventre à chaque bout, deux demi-segments vibrants, donc,
son fondamental. (L'analogie avec le tuyau ouvert est remarquable). La figure 24
ci-après fait bien comprendre comment ce barreau peut être courbé et amené à la
forme usuelle sans que son système vibratoire en soit altéré.
Il est facile d'obtenir d'un diapason qu'il écrive lui-même l'histoire de ses
vibrations; il suffit pour cela d'armer une de ses branches d'une petite pointe
telle qu'une aiguille, ou l'extrémité du bec d'une plume d'oie, qu'on fixe avec
une gouttelette de cire, et de le promener doucement, après l'avoir excité, à la
surface d'une plaque de verre recouverte de noir de fumée il y tracera, non pas
une ligne
droite, mais une ligne sinueuse, qui n'est autre que la représentation graphique
de ses vibrations (fig. 25).
En raison des lois qui régissent les lames vibrantes,
plus un diapason est grand et plus ses branches sont grosses, plus le son est
grave ; donc, pour hausser le ton d'un diapason, il suffit de limer ses branches
de façon à en diminuer la hauteur; pour le baisser, il faut en diminuer
l'épaisseur.
Pour des expériences de physique, on construit des diapasons de toutes grandeurs
et dans tous les tons. Celui qui sert d'étalon pour les orchestres et les
facteurs d'instruments est encore
loin d'être le même dans tous les pays; en France, depuis l'année 1859, on a
adopté officiellement, sous le nom de diapason normal, le
de 870 vibrations simples. C'est d'après ce chiffre que sont calculés tous les
nombres de vibrations dans le courant de cet ouvrage.
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