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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Sonorité des salles - Atténuation de la sonorité > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Sonorité des salles - Atténuation de la sonorité Le célèbre facteur d'orgues Cavaillé-Coll, qui est un grand acousticien, a
employé dans le but inverse, pour atténuer une sonorité excessive, le curieux
moyen suivant, que je décris d'après les indications qu'il a bien voulu me
communiquer. Des fils de coton, de vulgaire coton à tricoter, sont tendus
faiblement à mi-hauteur entre les parois de l'édifice, parallèlement au sol, de
façon à former une sorte de réseau sur lequel les ondes sonores viennent se
briser un peu comme les vagues de la mer se brisent et perdent leur force contre
les épis ou autres obstacles relativement très faibles qu'on leur oppose pour la
défense des côtes menacées. Ces fils, étant minces, de la couleur des murailles
et placés à assez grande hauteur, sont invisibles, et l'amélioration qu'ils
apportent à la sonorité paraît d'autant plus mystérieuse que la cause échappe
aux regards. Aucune loi connue ne régit leur nombre ni leur disposition; on doit
donc, jusqu'à présent, procéder empiriquement, par essais successifs.
Ce procédé paraît avoir été découvert en Angleterre, et M. Robert S. Greeg
s'en est servi avec succès pour corriger la répercussion gênante du son dans la
cathédrale de Fint-Barre (Cork), dont la nef a une très grande hauteur. Une
nouvelle Application en a été faite au palais de l'Industrie d'Amsterdam, où les
conditions d'acoustique étaient défectueuses et où l'on craignait que l'effet de
l'orgue demeurât confus et voilé par d'incommodes répercussions.
« Des fils de coton ordinaire, assez fins et
présentant peu d'élasticité, furent tendus, selon différentes directions, dans
la partie supérieure de la salle. Au fur et à mesure de la pose de ces fils, on
put constater que
l'excès de résonance diminuait sensiblement. L'impression produite, dès
l'abord, était celle d'une sorte de tranquillité s'établissant dans
l'atmosphère, et les bruits accidentels qui, durant l'opération, s'élevaient
dans la salle, semblaient s'amoindrir et s'isoler L'épreuve faite avec
l'orchestre, dans la salle vide d'abord, puis dans plusieurs concerts à
programmes variés, confirma ce premier résultat d'une manière assez saillante
pour frapper non seulement les auditeurs, mais surtout les musiciens, qui s'aperçurent, non sans surprise, qu'ils s'entendaient eux-mêmes beaucoup plus
distinctement qu'ils ne l'avaient jamais fait jusque-là1. »
Avec un succès plus ou moins complet, mais jamais sans que l'effet soit nul, le
même système a été essayé à Paris, a l'église de Notre-Dame des Champs, à la
salle des fêtes du Trocadéro, et plus récemment à la salle de la Société
d'horticulture.
1. G.-M. Philbert, l'Orgue du palais de
l'industrie d'Amsterdam; 1876.
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