Accueil de la bibliothèque > La musique et les musiciens
LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Sonorité des salles > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Sonorité des salles F. — Sonorité des salles.
La branche la moins avancée des sciences acoustiques, malgré le grand intérêt
qu'elle présente, est certainement celle qui a trait à la sonorité des salles,
intimement liée à l'architecture. On possède depuis longtemps des données, des
documents, mais on n'est pas encore arrivé à construire à coup sûr,
mathématiquement, une salle parfaite au point de vue de l'acoustique.
Il n'y a pas longtemps qu'un de nos plus célèbres architectes, chargé de
construire à Paris une salle de spectacle, a parcouru l'Europe pour étudier
partout, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, etc., les conditions de
sonorité des théâtres réputés comme satisfaisant le mieux à ces lois inconnues ;
malgré toute sa conscience, le résultat n'a rien donné d'extraordinaire, au
point de vue de la sonorité, bien entendu. Ce même architecte, chargé de
l'entretien de la salle du Conservatoire, qui est une merveille d'acoustique,
sans qu'on puisse au juste dire pourquoi, n'ose pas déplacer la cloison d'une
loge, ajouter une draperie, faire la moindre modification, dans la crainte,
parfaitement justifiée, d'altérer cette perfection inexpliquée.
Lorsqu'on construit une salle de concert, ou de théâtre, on a à se garer de
deux écueils : l'insuffisance ou l'excès de sonorité; c'est généralement
dans le deuxième qu'on tombe.
Une salle est nécessairement un lieu clos dans lequel les ondes sonores ne se
propagent pas avec la même liberté qu'en plein air, par zones concentriques,
mais subissent contre les parois, murs, plafond, plancher, les réflexions les
plus diverses ; là ne se borne pas la complication, car, selon leur nature,
selon la matière dont elles sont faites, pierre plus ou moins dure, fer, bois de
diverses essences, étoffes de tenture, les parois offrent des degrés divers de
résistance, de conductibilité aussi, et produisent les effets les plus imprévus.
Il y a plus : telle salle dont la sonorité est trop violente lorsqu'elle est
vide, devient très bonne lorsqu'elle est garnie de spectateurs, apportant avec
eux le capitonnage de leurs vêtements, qui agit sur le son comme le feraient des
tapis ou des draperies.
|