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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Rapports des sons simultanés. Intervalles; accords; consonance et dissonance. > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Rapports des sons simultanés. Intervalles; accords; consonance et dissonance. E. — Rapports des sons simultanés. Intervalles; accords;
consonance et
dissonance. Nous arrivons aux combinaisons simultanées des sons, aux accords, c'est-à-dire
au principe même de la consonance et de la dissonance. Il est facile de prévoir
que l'explication s'en trouve dans le phénomène même de la production du son,
avec son accompagnement naturel d'harmoniques, et que la clef nous en sera
livrée par le monocorde, qui aura été ainsi, du commencement à la fin,
l'instrument de nos investigations. L'idéal de la consonance, ce serait le son rigoureusement pur, dégagé de tout
alliage de sons partiels ; de tels sons, nous l'avons déjà dit, n'existent que
théoriquement, mais pourtant le diapason, quelques notes de flûte, certains
tuyaux d'orgue (dits jeux de flûte), peuvent nous donner l'idée d'un son presque
simple. En dehors de cette consonance idéale, tout son est un son complexe ;
mais il se rapproche d'autant plus de la pureté théorique
que les harmoniques qui le composent sont en rapport numérique plus simple avec
lui-même. Plus les sons partiels sont proches du son principal, mieux ils lui
font cortège, et mieux aussi ils l'accompagnent et produisent sur notre
organisation la sensation agréable que nous qualifions de consonance. Si, au
contraire, les sons partiels sont très éloignés de leur son fondamental, et par
conséquent très rapprochés entre eux, nous n'avons plus la perception d'un tout
homogène, mais d'un son pauvre en lui-même, accompagné d'un bruit aigu
désagréable ; c'est la dissonance. Il en est absolument de même pour les
agrégations de sons qu'on nomme accords, et dans lesquelles l'art ne fait
qu'imiter la nature. Plus on se rapproche, dans ces groupements, du son simple
théorique, et plus le résultat obtenu est consonant, dans le sens musical du
mot. En réalité, la limite absolue entre la consonance et la dissonance n'existe pas
; elle varie selon le degré de sensibilité de l'ouïe chez chaque individu, et
aussi selon l'accoutumance résultant de l'éducation; c'est une question de
tolérance de l'oreille, ce qui est dur pour l'un pouvant paraître très agréable
à son voisin. On n'en peut pas plus discuter que des goûts et des couleurs. Mais, s'il est impossible de dire où finit la consonance et où commence la
dissonance, il est très facile au contraire d'établir une gradation, en laissant
chacun libre de mettre la barrière là où il lui plaira. C'est ce que nous allons faire, en reprenant le monocorde et en étudiant de
nouveau la série des harmoniques, source inépuisable d'où dérive, en somme, tout
le matériel de l'art musical. Cette fois, je présente les harmoniques de doen les reliant deux par deux et consécutivement de façon à en tirer tous
les groupes offrant des rapports différents.
Étant donné que l'idéal de la consonance, la pureté absolue, serait exprimé par
le rapport 1/1, qui est effectivement celui de l'unisson, il est certain que plus
nous en approchons, c'est-à-dire plus le rapport est simple, et plus il y a
consonance; en lisant les fractions de l'exemple ci-dessus dans l'ordre où elles
se présentent, nous trouvons donc une série de groupes de deux sons de moins en
moins consonants, de plus en plus dissonants.
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