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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Rapports des sons successifs. Tonalité. - Origine des gammes > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Rapports des sons successifs. Tonalité. - Origine des gammes D. — Rapports des sons successifs. Tonalité.
Étant admis que l'oreille perçoit nettement les sons entre 32 et 8,448
vibrations, il faut comprendre que le nombre des sons qui existent réellement
entre ces deux limites ne peut être exprimé par aucun chiffre. Plus une oreille
est fine, bien constituée, bien exercée, et mieux elle arrive à diviser et
subdiviser cette étendue, à saisir et évaluer de plus petites différences; aussi
l'appréciation du degré de sensibilité de l'ouïe, pour les différences
d'intonation, est-elle extraordinaire ment variable selon les auteurs.
Dans le bruit que fait le vent en sifflant dans une cheminée, un jour de
tempête, ou dans les roseaux, le son monte et descend en passant sans
interruption par différentes hauteurs; or, dans le nombre infini des valeurs que
peut prendre la hauteur du son en variant ainsi d'une manière continue, il n'y a
aucun degré qui puisse nous fixer et devenir un point de comparaison. Aucune
oreille n'est capable de percevoir dans une telle suite de sons, et à tout
instant, un degré précis d'intonation. C'est la matière musicale brute.
Tandis que la poésie trouve son matériel tout fait dans
les mots de la langue, la peinture dans les couleurs de la nature, la sculpture
et l'architecture dans les formes animales et végétales, la musique, elle, dans
quelque civilisation que ce soit, a dû se créer son alphabet en choisissant dans
l'infini sonore un certain nombre de sons fixes et déterminés, pour servir de
points de départ à ses combinaisons plus ou moins élevées scientifiquement ou
artistiquement. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner que, selon les époques, les
degrés de civilisation des peuples, leurs goûts barbares ou raffinés, les
climats et les tempéraments, un grand nombre de gammes différentes aient existé
et existent encore. C'est un sujet que nous aurons à traiter au chapitre spécial
de l'histoire de la musique, et sur lequel je n'anticipe ici que pour signaler
un fait absolu, invariable dans tous les pays où existe un germe, si
rudimentaire qu'il soit, de musique : c'est la présence, dans toutes les gammes,
de l'octave, de la quinte et de la quarte.
La raison en est aisée à découvrir et s'impose; elle dérive des lois les plus
simples de l'acoustique.
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