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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Production du son - Vibrations des cordes > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Production du son - Vibrations des cordes
Remplaçons le pendule par une corde quelconque, assez
longue et faiblement tendue. Dans sa position d'équilibre,
elle représente une ligne droite (fig. 4). Dérangez-la de cette
position, elle y
reviendra en vertu
de son élasticité; c'est une vibration simple (fig. 5). Mais elle ne s'y arrête
pas; dans son élan, elle la dépasse et
va accomplir un mouvement semblable dans la direction opposée, puis y revient de
nouveau, ce qui constitue une vibration double (fig. 6). Et cet ensemble de
mouvements oscillatoires se perpétuera tant qu'il restera trace de l'ébranlement
que vous avez produit.
Les vibrations de la corde ont cela de commun avec les oscillations du pendule
qu'elles sont tout aussi isochrones, c'est-à-dire qu'aucune d'elles ne
saurait être plus
longue ni plus courte que la précédente ou celle qui suit, et qu'elles
décroissent seulement d'amplitude, pour les mêmes raisons; leur vitesse est
déterminée par la longueur du corps sonore, ainsi que nous l'avons vu pour le
pendule, quoique dans d'autres proportions : une corde de longueur double
fournirait des vibrations de durée double, et inversement; il en serait de même
si l'on augmentait la tension.
Or, pour l'instant, supposons que, soit en raccourcissant la corde, soit en la
tendant davantage, nous l'ayons amenée à faire 32 vibrations simples par seconde
: ces mouvements seront déjà trop rapides pour être analysés et comptés par
l'œil, pour lequel la corde aura pris l'aspect d'un fuseau ; mais alors se
produira le phénomène sonore, et notre oreille percevra, quoique très sourd et
très vague, le son le plus grave de l'échelle musicalel ; tendons graduellement
la corde, nous entendrons le son monter en proportion en passant par les degrés
les plus
insensibles; enfin, procédant par hypothèses, imaginons que notre corde soit
douée de la faculté de supporter sans se rompre une tension indéfinie, nous
arriverons à lui faire produire, en la tendant ou raccourcissant toujours, des
sons de plus en plus aigus, mais conservant le caractère musical, jusqu'au
moment où elle fournira 8,448 vibrations par seconde. C'est la limite supérieure
des sons que l'oreille humaine peut apprécier.
Au delà (c'est-à-dire en augmentant encore la tension), nous obtiendrions des
sons d'une acuité extrême, aigres, perçants, sifflants, pénibles à entendre,
n'ayant rien de musical; puis enfin, si nous pouvions franchir le degré de
tension nécessaire pour que notre corde effectue plus de 73,000 vibrations par
seconde, elle continuerait indubitablement à vibrer, mais sans plus troubler le
silence, car là s'arrête pour notre oreille la faculté de percevoir les
mouvements vibratoires.
1. Les théoriciens anglais et allemands ont l'habitude de compter l'oscillation
double (aller et retour) pour une seule vibration; pour eux, le son perceptible
le plus grave est donc de 16 vibrations.
Dans le courant de cet ouvrage, nous continuerons à employer le système
français, et à compter par vibrations simples.
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