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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical - Perception du son > CHAPITRE PREMIER - Étude du son musical > Perception du son C. — Perception du son.
Au moyen des connaissances que nous possédons sur la nature du son, ses
éléments constitutifs, son mode de propagation dans les milieux élastiques, les
propriétés des membranes, des résonateurs, et les vibrations par influence, nous
allons arriver à expliquer le mécanisme de l'audition, le mystérieux
fonctionnement de l'oreille.
Mais auparavant, il est nécessaire d'examiner la structure anatomique de cet
organe (fig. 29).
La partie visible, l'oreille externe, est celle qui a le moins
d'importance ; elle se compose du pavillon, qui agit à la façon d'un
cornet acoustique, et du conduit auditif, tube en partie cartilagineux,
en partie osseux, qui aboutit à la membrane du tympan.
Au delà de cette membrane se trouve l'oreille moyenne, qu'on peut se
représenter comme une sorte de caisse ou tambour muni de quatre ouvertures ; la
plus grande est fermée par le tympan, dont l'autre surface est en communication,
dans le conduit auditif, avec l'air extérieur ; dans la paroi opposée se trouve
la fenêtre ronde, et à peu près au-dessus d'elle, la fenêtre ovale,
toutes deux également fermées par des membranes très fines et très élastiques ;
la seule ouverture qui ne soit pas entièrement close est la trompe d'Eustache,
sorte de conduit conique qui met l'oreille moyenne en rapport avec le pharynx,
dans lequel il s'ouvre à chaque mouvement de déglutition.
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Oreille externe : P. pavillon; C, conduit auditif;
T, tympan. — Oreille moyenne ; T, tympan; CO, chaîne des osselets; O,
fenêtre ovale; R, Fenêtre ronds. — Oreille interne. — V, vestibule ; L,
limaçon ; CSC, canaux semi-circulaires; N, nerf acoustique. TE, trompe
d'Eustache. |
A l'intérieur de cette caisse se trouve la curieuse chaîne des osselets, qui
est tendue entre le tympan et la membrane de la fenêtre ovale (fig. 30) ; elle
se compose de quatre petits os auxquels on a donné des noms rappelant leurs
formes : le marteau est fixé par son manche au centre
du tympan; après lui vient l'enclume, puis un petit os presque rond, appelé
l'os
lenticulaire, et enfin l'étrier, dont la base recouvre presque entièrement la
fenêtre ovale.
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E, étrier; L, Os lenticulaire,
EN, enclume; M, marteau |
Par ces deux fenêtres, l'oreille moyenne communiqua avec l'oreille interne. C'est
là qu'est la merveille. L'oreille interne ou labyrinthe est une cavité creusée
dans la partie osseuse la plus résistante de la botte crânienne, le rocher,
entièrement remplie d'un liquide transparent, l'humeur vitrée acoustique ; elle
se compose du vestibule, en communication directe avec la fenêtre ovale, du
limaçon, organe cartilagineux rappelant la forme de cet animal, et des canaux
semi-circulaires, au nombre de trois1. Dans le liquide spécial qu'elle contient
flotte une sorte de sac membraneux, ne se reliant aux parois osseuses que par
quelques vaisseaux sanguins et des faisceaux de fibres nerveuses passant au
travers du liquide (fig. 31). Aussi bien dans le vestibule que dans le limaçon,
le microscope permet de voir une multitude de petits crins ou filaments qui ne
sont autre chose que des prolongements ou ramifications de l'extrémité du nerf
acoustique ou de ses annexes ; ces minuscules organes portent le nom des savants
auxquels est due leur découverte ; ceux du vestibule sont les soies de Schultze,
ceux du limaçon les fibres de Corti ; de ces derniers, on est arrivé à en compter
trois mille.
Voilà, décrit bien sommairement, trop peut-être, l'instrument. Voyons-le en
fonction.
1. Les canaux semi-circulaires, bien qu'enclavés dans l'oreille, ne paraissent
pas participer exclusivement à l'acte de l'audition. Ce sont les organes
spéciaux d'un sens non catalogué jusqu'ici, la »en§ de l'équilibre, de la
verticalité.
Lorsque l'un d'eux est rompu accidentellement, l'individu, homme ou animal, perd
le sentiment de l'aplomb, semble ivre.
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