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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE III - Grammaire de la musique - Exposé du système harmonique. Redoublements de l'accord parfait. > CHAPITRE III - Grammaire de la musique > Exposé du système harmonique. Redoublements de l'accord parfait. Dans l'accord parfait, majeur ou mineur, le meilleur redoublement est celui de
la basse, d'abord parce qu'elle est la fondamentale, puis parce que ces accords
ont leur emploi le plus fréquent, le plus logique, justement sur les notes
tonales.
On peut aussi doubler leur tierce, et c'est même souvent d'un très bon emploi
pour les accords du sixième degré, parce qu'alors la note redoublée se trouve
être la tonique.
Quant à la quinte, il est rare que son redoublement puisée produire un effet
bien satisfaisant; on ne peut pourtant le prohiber absolument, surtout dans les
cas où elle est une des bonnes notes du ton, une note tonale.
Le redoublement de la basse est tellement supérieur aux autres que très souvent,
plutôt que de doubler la tierce ou la quinte, il vaut mieux tripler la basse (la
quinte est alors supprimée) :
ce qui est d'ailleurs tout à fait conforme à l'ordre naturel, puisque, dans la
série des dix premiers harmoniques, on voit le son fondamental, générateur, être
seul répété quatre fois, tandis que la tierce et la quinte n'y figurent chacune
que deux fois.
(Je ne puis m'empêcher de faire remarquer une fois de
plus la quantité d'enseignements divers que contient cette simple série des sons
partiels.)
Chacun de ces redoublements, qui ne sont au fond que des renforcements d'un des
éléments constitutifs des accords, possède un caractère propre :
Le redoublement de la basse rend l'accord plus puissant, plus sonore, plus
vigoureux; il accentue sa base, sa fondamentale, et rend l'ensemble sonore plein
et énergique. — Celui de la tierce souligne davantage la modalité, et, sauf sur
le sixième degré (où il renforce la tonique), il affaiblit le sentiment tonal;
il donne des accords doux, suaves, mais sans force, sans éclat, si on les
compare a ceux qui ont leur basse doublée. — Tout au contraire, le redoublement
de la quinte produit de la dureté, une sorte de raucité désagréable, qui fait
qu'en principe on doit éviter le plus possible de l'employer. Il suffit de jouer
les trois accords suivants, sur un harmonium ou un piano bien accordé, pour se
rendre compte de ces divers caractères :
Le premier est riche, bien pondéré; le deuxième est relativement faible, mou; le
troisième, par comparaison, est dur, rauque. Qu'on les transforme de majeur en
mineur, en remplaçant le mi naturel par un mi bémol, l'impression restera la
même.
En ce qui concerne les accords de quinte diminuée, on ne peut en aucun cas
doubler la quinte, à cause de sa tendance attractive, qui amènerait forcément
des défauts de réalisation1. On ne p«ut donc doubler que la tierce ou
la basse, en évitant même ce dernier redoublement autant que possible quand la
basse se trouve être la note sensible, toujours à cause de l'attraction, dont
nous parlerons plus loin.
Donc, dans l'accord de quinte diminuée du septième degré, majeur ou mineur, on
double de préférence la tierce, dans celui du deuxième degré en mineur, la
basse.
Les mêmes raisons qui font qu'un redoublement est bon ou mauvais dans un accord
à l'état fondamental, agissant de semblable manière sur ses renversements, nous
n'aurons plus lieu, à l'égard de ceux-ci, d'entrer dans autant de
considérations.
1. Des Octaves consécutives.
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