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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE II — Le matériel sonore - De l'orchestration. Les bois. > CHAPITRE II — Le matériel sonore > De l'orchestration. Les bois.
En seconde ligne vient le groupe dit des bois (pour : instruments à vent en
bois), qui contient, dans l'orchestre symphonique classique :
Première et deuxième flûtes1;
Premier et deuxième hautbois;
Première et
deuxième clarinettes;
Premier et deuxième bassons.
en tout huit exécutants ; encore faut-il tenir compte que Mozart et Haydn
n'employaient guère à la fois les hautbois et les clarinettes, ce dernier
instrument étant joué à son origine par les hautboïstes; donc, six exécutants,
tous solistes2.
On voit de suite que ce groupe est constitué tout différemment que la masse du
quatuor. Chaque partie, loin d'être exécutée comme en chœur par huit ou dix
instruments semblables, est confiée à un seul artiste et acquiert par cela même
un caractère plus individuel.
Une autre différence fondamentale, c'est qu'ici les instruments sont
hétérogènes, n'appartiennent pas à une même famille et procèdent de principes
différents, n'ayant guère de commun entre eux que le souffle humain. La flûte
avec son embouchure libre, les hautbois et bassons avec leur anche double, la
clarinette avec son anche simple, produisent des timbres tout à fait distincts.
La façon de traiter les instruments à vent doit donc être très différente de
celle employée pour les cordes. Quand on met en action le groupe entier, la
meilleure sonorité est généralement obtenue en distribuant les parties selon
l'ordre naturel de l'échelonnement des instruments, les flûtes à l'aigu, au-dessous d'elles les hautbois, les clarinettes
dans le médium, et les bassons à la basse, comme on le ferait pour des voix; on
ne les fait guère croiser qu'en vue d'effets spéciaux. En revanche, on les fait
très souvent parler à l'unisson, soit en réunissant les deux flûtes, les deux
hautbois, etc., ce qu'on indique par : a due (à deux), ou en mettant aux notes
une double queue, soit en renforçant la seconde flûte par le premier hautbois,
le second hautbois par la première clarinette, etc., ce qui est plus riche et
meilleur dans les passages de force. Dans la douceur, on peut faire taire le
deuxième instrument de chaque espèce en écrivant : 1er solo, ou encore donner à
chacun des huit exécutants une partie différente, d'où résulte une sonorité plus
diffuse et plus chatoyante.
Il n'est certes pas nécessaire de les employer toujours tous à la fois : ce
serait un procédé bien lourd et des plus plats, mais lorsqu'on en supprime
quelques-uns, il est loin d'être indifférent que cette suppression porte sur un
timbre ou un autre. L'absence de flûtes enlève au groupe une partie de sa
suavité et de sa légèreté ; celle des hautbois rend l'ensemble moins clair,
moins lumineux; en supprimant les clarinettes, on diminue la rondeur et le
moelleux de la sonorité générale ; la privation des bassons affaiblit la base,
d'où résulte une impression d'allégement. Il suffit d'avoir bien présent à
l'esprit le caractère particulier de chaque instrument, pour se rendre compte,
selon l'effet cherché, de l'opportunité de telle ou telle suppression» aussi
bien que des inconvénients qu'elle pourrait
avoir.
1. Originairement, la flûte ne le construisait qu'en bois.
2. Nous entendons ici
par soliste celui qui est seul à exécuter sa partis.
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