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ARGOT MUSICAL - Tire-larigot (Boire à). > Tire-larigot (Boire à). Tire-larigot (Boire à). -- Boire avec excès. (Argot populaire.)
Le larigot ou l'arigot était un flageolet, à six trous et sans clef, en usage
vers le XVe siècle. Ce nom ne sert plus qu'à désigner le jeu le plus aigu de
l'orgue.
Morellet prétend que larigot vient du grec laruguè, larynx; Kastner pense qu'il
vient de laruggas, braillard.
Les parémiographes ont expliqué chacun à sa façon, l'origine de la locution :
boire à tire-larigot.
Fleury de Bellingen prétend que cette expression naquit parmi les soldats de
Clovis, après la victoire qu'ils remportèrent à Vouillé, contre Alaric. Suivant
ce commentateur fantaisiste, les Francs pour se réjouir de la mort du prince
ennemi, buvaient en s'écriant : «.Je be à ti, re Alaric Goth. » (Je bois à toi, roi
Alaric Goth.)
D'après un autre étymologiste, Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, au XIIIe
siècle, aurait doté son église d'une cloche, baptisée la Rigaude, si difficile à
mettre en branle que les sonneurs en étaient assoiffés au point que l'archevêque
dut mettre, chaque dimanche, une futaille à leur disposition. D'où le proverbe.
« Boire à tire la Rigaude. »
G. Kastner raconte un commentaire qu'il doit à un brave paysan. Celui-ci, au
souvenir encore tout récent d'un repas de noces, s'écriait: « J'ai bu, dame, à
tire l'aricot. » Le savant parémiographe l'ayant prié de lui expliquer ce qu'il
entendait par
cette expression. « C' n'est pas bien malin, reprit l'homme des champs; la
légume farineuse dessèche le gosier, tout le monde sait ça. Quand, sauf vot'
respect, j'ons mangé d'z'aricots, ça n'coule pas volontiers dans l'estomac. Yen
a toujours queuques uns qui restent fichés dans la gorge, et pour les tirer de
là, il faut boire un p'tit coup, deux p'tits coups, trois p'tits coups, sans
compter les autres. C'est pourquoi qu'on dit boire à tire-l'aricot. »
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