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ARGOT MUSICAL - Canon. > Canon. Canon. -- « Pièce de musique dans laquelle la mélodie s'accompagne par elle-même,
étant prise successivement par deux, trois ou un plus grand nombre de voix ou
d'instruments, à la distance d'un certain nombre de temps ou de mesures. »
(F. J. Fétis. Dictionnaire de musique.)
Tout le monde connaît le canon de « Frère Jacques, dormez-vous? »
Les commentateurs ne sont pas d'accord sur l'origine du canon. J. J. Rousseau et
les musicologues qui l'ont copié, tout en le maltraitant, affirment qu'on
mettait en tête de ces sortes de fugues certains avertissements qui marquaient
comment on devait les exécuter; et ces avertissements, étant proprement les
règles de ces fugues, s'intitulaient canoni, règles, canons. De là, prenant le
titre pour la chose, on a, par métonymie, nommé canon cette espèce de fugue.
Ajoutons qu'en 1474, J. Tinctor, dans son « Terminorum musicoe
diffinitorium »)
désigne sous le nom de canon la formule obscure qui servait de clef pour
déchiffrer les canons énigmatiques. Cette formule se composait d'une devise,
d'un vers latin.
D'un autre côté, F. Génin, prétend qu'on n'a pu donner le nom solennel de canoni,
règles, à ces deux ou trois croix ou lettres qui indiquent, dans un canon
ordinaire les entrées successives des parties. Il préfère tirer de l'artillerie
l'étymologie de canon, où les voix, partant l'une après l'autre, ont une
certaine analogie avec la canonnade.
Cette opinion n'est point en désaccord avec l'histoire, car le chant du coucou,
cité par M. H. Lavoix, dans son histoire de la musique, comme le plus ancien
canon, n'est pas antérieur à l'invention de l'artillerie. (1346.)
Dans l'argot populaire, un canon c'est un verre de vin. Ici, rien de
l'artillerie. Impossible de comparer un verre de vin à un Krupp dont le boulet
rouge se lance à la force du poignet au fond de l'estomac.
Ici canon veut dire règle, règlement et quelquefois dérèglement.
(Voir Brutal, Écrevisse.)
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