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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE II — Le matériel sonore - De l'instrumentation. Trombone ordinaire ou à coulisse. > CHAPITRE II — Le matériel sonore > De l'instrumentation. Trombone ordinaire ou à coulisse. Trombone ordinaire ou à coulisse.
Il y a trois variétés de trombones à coulisse : le
trombone-alto, le
trombone-ténor, et le trombone-basse, qui s'écrivent chacun dans la clef propre
à la voix dont ils portent le nom (ut 3e, ut 4e,
fa 4e). Les trombones diffèrent
donc des autres instruments
de cuivre à embouchure en ce qu'ils ne sont pas transpositeurs, mais font
entende le son réel tel qu'il est noté. Voici l'étendue de chacun d'eux,
chromatiquement :
avec sa traduction dans les clefs du piano, et voici maintenant le principe de
construction qui permet d'obtenir cette étendue considérable (je prends comme
type le trombone-ténor; les autres fonctionnent de la même façon, l'un à la
quarte supérieure, l'autre à la quarte inférieure) :
La coulisse étant
entièrement fermée, c'est-à-dire le tube réduit à sa plus courte dimension,
l'instrument produit, en modifiant, comme on le fait sur le cor, le souffle et
la pression des lèvres, les harmoniques de
depuis 2
jusqu'à 8, soitc'est ce qu'on appelle la première position.
En allongeant un peu la coulisse, ce qui augmente la longueur du tube, on est
à la deuxième position; la fondamentale devient :
et les harmoniques sont :
Un nouvel allongement donne la troisième position, qui fournît les sons :
dont la
fondamentale serait
Et ainsi de suite, à chaque nouvelle extension donnée à la coulisse; en
abaissant la fondamentale, on abaisse toute la série des harmoniques.
Les quatrième, cinquième, sixième et septième positions donnent donc les sons
suivants :
Réunissez méthodiquement toutes ces notes, et vous aurez l'échelle complète,
chromatique, du trombone-ténor. D'habiles virtuoses arrivent à faire résonner, à
l'aigu, les harmoniques 9 et 10, ce qui enrichit l'instrument des notes, d'un timbre dur et grêle; ou, au grave, les
fondamentales des deux ou trois premières positions,; mais ce sont des cas exceptionnels, et,
à moins d'un effet très spécial à produire, il est mieux de ne pas les employer.
Il en est de même des notes les plus graves du trombone-basse; car, cet
instrument étant très pénible à jouer, même par les artistes doués de poumons
vigoureux, il est souvent remplacé par un deuxième trombone-ténor, qui ne les
peut fournir.
Quand les trois trombones jouent ensemble, ce qui est le cas le plus fréquent,
il est plus commode de les réunir sur une seule portée, dans l'une de leurs
clefs; au lieu de
qui prend beaucoup de place, on écrit plus simplement
ou
Le timbre du trombone est essentiellement majestueux et imposant. Sa puissance
lui permet de dominer un orchestre complet; il produit avant tout l'impression
de la force, d'une force surhumaine. Dans le ff. il n'est pas d'instrument plus
pompeux, plus noble, plus grandiose, mais il peut aussi devenir terrible, ou
mieux terrifiant, si on lui confie des accords qui prêtent à l'expression de ces
sentiments ; dans le pp, il est lugubre et plein d'effroi, ou d'une sérénité de
grand orgue; il peut aussi, selon les nuances, devenir furieux ou satanique, mais
toujours en conservant la majesté et la grandeur qui ne le quittent jamais. C'est un
superbe instrument, d'une haute puissance dramatique, qu'il faut savoir ménager
pour les grandes circonstances, où, bien amené, il produit un effet tonitruant.
Il est de bon goût, en raison même de la solennité de son caractère, aussi bien
que pour diminuer la difficulté d'exécution, de ne pas lui confier des dessins
trop rapides, à moins que ces dessins ne soient formés de notes appartenant à la
même position; ce serait presque lui manquer de respect ; mais dans un
mouvement modéré, il peut pourtant évoluer avec une certaine aisance.
Méthodes : Beer et Dieppo, Clodomir, G. Parès.
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