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LA MUSIQUE ET LES MUSICIENS - CHAPITRE III - Grammaire de la musique - Exposé du système harmonique. Octaves et quintes défendues. > CHAPITRE III - Grammaire de la musique > Exposé du système harmonique. Octaves et quintes défendues. III. — Lorsque deux parties procèdent par mouvement harmonique direct, il est
très mauvais et absolument défendu qu'elles fassent entendre consécutivement
deux quintes justes ou deux octaves justes.
Si même, de deux quintes, la première est diminuée, la défense est maintenue
; mais si c'est la deuxième, l'impression produite n'a plus rien de désagréable,
et conséquemment l'interdiction est levée.
Pour les octaves il n'y a pas d'exception.
![](img/263-mouvements2.jpg)
![](img/264-octaves.jpg)
Deux quintes de suite produisent une grande dureté. Deux octaves donnent un
sentiment de pauvreté harmonique, ce qui est facile à comprendre, puisque par
leur fait le nombre des parties se trouve réduit, deux voix se doublant
mutuellement. La dureté des quintes est moins aisée à expliquer1.
Mais elle existe, c'est un fait indéniable, et il faut absolument les éviter.
1. Si l'octave est le deuxième harmonique, la quinte est le
troisième. Une suite de quintes est donc presque aussi pauvre qu'une suite
d'octaves. De plus, elle est dure à l'oreille, parce qu'elle entraîne l'idée de
deux parties se mouvant dans des tonalités différentes :
![](img/264-gammes.jpg)
Il semble que le même reproche pourrait s'appliquer à une
suite de quartes, mais ce n'est vrai qu'à moitié, et seulement en ce qui
concerne la dureté; la quarte n'étant pat un harmonique du son fondamental,
l'impression de pauvreté disparaît en partie; c'est donc plus admissible, sans
être à rechercher.
Toutefois on doit considérer que l'interdiction absolue
des octaves on quintes consécutives dans la composition moderne est le reste
d'une réaction violente contre les premières tentatives d'harmonisation très
maladroites, dans lesquelles on ne faisait usage que de quartes, de quintes et
d'octaves, ce qui nous apparaît aujourd'hui comme à la fois faible et rauque,
intolérable en an mot.
Les grands compositeurs de nos jours savent parfaitement,
quand c'est nécessaire pour obtenir un bel effet de sonorité, s'affranchir de
cette règle, dont la rigueur n'est nécessaire qu'à l'école. (Cette appréciation
ne pourrait trouver sa place dans un ouvrage purement didactique.)
Ce qui est sûr, c'est qu'une seule quinte, émise avec
une certaine force, produit déjà sur l'oreille une impression de dureté, et que
cet effet désagréable s'accroît lorsqu'on en fait se succéder plusieurs; mais je
suis convaincu que la prohibition complète de deux quintes, surtout séparées par
plusieurs notes, sera considérée dans l'avenir comme une exagération du purisme
de notre époque. On apprendra à s'en bien servir, et on en tirera des effets
nouveaux.
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