Accueil de la bibliothèque > Argot musical
ARGOT MUSICAL - Barytoner. > Barytoner.
Barytoner. -- Vieux mot français que nos ancêtres traduisaient par cette
métaphore hardie: Avoir un faux-bourdon au fond de ses chausses.
« Rabelais, dit G. Kastner, dans son style gaillard, dit la chose crûment, mais
avec gentillesse (voir Gargantua, chap. VII.) et Dante, le sérieux et austère
poète, n'y met pas plus de façon. Le son irrévérencieux que laisse échapper le
grand diable Barbariccia à la fin du XXIe chant du poème de l'Enfer, est
comparé par l'auteur au son de la trompette. » (Parémiologie musicale de la
langue française)
Ajoutons que Voltaire, plus audacieux que ses
illustres devanciers, a imaginé de doter la Renommée d'une trompette barytonant.
(Voir Sonner de la trompette.)
Dans son histoire de l'Opéra-Comique, Des Boulmiers raconte qu'un nommé Léger,
domestique de Favart, animé par l'amour des arts, et voulant se consacrer au
théâtre, débuta dans la parodie de Thésée, à la foire Saint-Germain, en 1745,
par la moitié d'un boeuf. Pour faire entendre ceci, il est nécessaire d'expliquer
que, dans le triomphe de Thésée, la monture de ce héros était le boeuf gras,
figuré par une machine de carton qui se mouvait au moyen de deux hommes
renfermés dans l'intérieur, le premier debout, mais un peu incliné; le second,
la tête appuyée sur la chute des reins de son camarade. Léger obtint la
préférence pour faire le train de devant. Gonflé d'aliments et de gloire, il
barytona au point que son collègue en pensa suffoquer. Celui-ci, dans son
premier mouvement, pour se venger de l'effet sur la cause, mordit bien serré ce
qu'il trouva sous ses dents. Léger fit un mugissement épouvantable; le boeuf gras
se sépara en deux; une moitié s'enfuit d'un côté, une moitié de l'autre, et le
superbe Thésée se trouva à terre étendu de son long. On eut beaucoup de peine à
continuer la pièce.
|