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ARGOT MUSICAL - Charivari. > Charivari. Charivari. -- Sérénade cacophonique exécutée par un orchestre composé de
casseroles, de poêlons, de cornets à bouquin, de sifflets, de sonnettes, etc.
Au moyen âge, on charivarisait les époux en secondes noces. De nos jours, ces
concerts s'adressèrent de préférence aux hommes politiques, ce qui leur valut
l'épithète de musique ministérielle. Sous Louis-Philippe, le charivari devint
l'accompagnement obligé des députés et des préfets habiles à chanter la
palinodie. On parla même de créer une école de charivari au conservatoire de
musique et Peignot posa les proportions d'un orchestre charivarique composé de
« 12 chaudrons, 10 casseroles, 3 lèchefrites, 12 pelles, 12 pincettes, 13
couvre-plats en guise de cymbales, 6 poêlons, 4 bassinoires, 8 bassins, 6 arrosoirs, 10 clochettes de mulet, 4 colliers de grelots,
2
tambourins à faire danser les ours, 1 tam-tam, 2 tonneaux vides, 3 cornets à
bouquin, 2 grands cors de chasse, 3 petites trompettes, 4 clarinettes mal
emmanchées, 2 hautbois mal emmanchés, 2 sifflets, 1 musette, 4 chétifs violons à
racler, 2vielles, 4 crécelles, 10 voix criardes, 8 voix à huer, 3 gorets ou
cochons de lait et 4 chiens à étriller. »
(Histoire du Charivari, par Bassinet, 1833.)
En 1832, à la suite d'un charivari donné au poète lyrique Viennet, une feuille
satirique surgit de la presse parisienne.
« Peu de journaux, dit Champfleury, ont mieux répondu à leur titre que le
Charivari, fondé par Philipon. Quoi de plus significatif que les vignettes
symboliques en tête du journal, qui défiaient les imaginations les plus
saugrenues des vieux maîtres hollandais! Ce sont des hommes qui frappent à
grands coups de maillet sur la cloche du charivari, des ouvriers dont la scie
grinçante mord de grosses pierres, des pâtissiers mettant en branle leurs
instruments de cuisine, des chiens qui déchiffrent en aboyant de gros cahiers de
musique, des ânes qui braient, des cochons que des gamins tirent par la queue,
des serpents qui sifflent dans de colossales clefs, des diables cornus inventant
des carillons d'enfer pour troubler le sommeil d'un honnête
bourgeois qui apparaissait à la fenêtre avec sa tête en poire.
« Il semble que le terrible carillonneur Philipon, en sa qualité de chef
d'orchestre n'ait eu pour but, en créant ce journal, que de tympaniser les
oreilles de Louis-Philippe. »
(Histoire de la caricature moderne. Champfleury.)
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