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Accueil de la bibliothèque > Charles Gounod - Mémoires d'un artiste CHARLES GOUNOD, MÉMOIRES D'UN ARTISTE - De l'artiste dans la société moderne (3/5) > De l'artiste dans la société moderne (3/5)

Si, du moins, le temps qu'on donne était toujours utilement donné! Si on ne se dépensait que pour des êtres capables! Si on n'encourageait que des êtres courageux! Mais que de peines perdues! Que de conversations creuses! Que de non-valeurs qui flottent à la surface de cet océan de relations sans y apporter rien, sans en retirer rien !

En somme, la plaie véritable, la plaie par excellence, ce sont les gens qui s'ennuient, et qui, de peur que le temps ne les tue, viennent tuer celui des autres.

S'ennuyer! Etre son propre ennui! S'ingénier, par tous les moyens imaginables, à s'enfuir de soi-même ! Y a-t-il, au monde, un dénûment comparable à celui-là, et quelle compensation à ce qu'on leur donne peut-on attendre des gens qui s'ennuient ?

Il y a une quantité d'opinions courantes dont on se donne rarement la peine de vérifier le contenu et qui forment le vaste patrimoine des absurdités admises. L'une d'elles consiste à croire, ou plutôt à persuader que la sympathie et la protection du monde sont nécessaires pour arriver.

Il faut vraiment avoir bien peu ressenti la vivifiante atmosphère d'une fidèle conviction pour céder à une illusion pareille ou pour y demeurer.

La protection du monde! Mais elle n'est pas seulement incertaine ; elle est ce qu'il y a de plus inconstant, de plus versatile; et ce qui est encore plus assuré, c'est qu'il ne l'offre, d'ordinaire, qu'à ceux qui n'en ont plus besoin, à l'exemple de ces courtisans qui, dans un opéra célèbre, accablent de leurs offres de services un jeune seigneur devenu en un instant l'objet de faveurs royales.

Ah! quand l'existence a pris la place de la vie, doit-on s'étonner que le paraître prenne la place de l'être, et le savoir-faire celle du savoir?

Dès que le Dieu caché, le Dieu dont le règne est au dedans de nous, dès que Celui-là est absent, il faut bien se fabriquer des idoles. De là, tant d'artistes préoccupés de se répandre, de se montrer partout, de s'appuyer sur ce bâton fragile de la réclame dont les débris jonchent la pénible route de tant d'âmes sans ferveur et de tant d'ambitions vulgaires.

Il n'y a qu'une protection dont il faille se mettre en peine, parce que c'est la seule qui en vaille la peine, c'est celle de l'absolue sincérité en face de soi-même ; c'est de placer l'œuvre extérieure sous la garde de l'œuvre vécue, la parole sous la garde de la pensée. Peu importe, après cela, le conflit des jugements pour ou contre. Les œuvres ne communiquent que la somme de chaleur qui les a fait éclore et qu'elles conservent toujours ; mais il faut le temps d'allumer son feu et de l'entretenir. C'est pour cela qu'un compositeur illustre avait mis sur sa porte cette inscription significative : « Ceux qui viennent me voir me font honneur, ceux qui ne viennent pas me font plaisir. » En d'autres termes : Je n'y suis jamais.

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