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ARGOT MUSICAL - Toquade. > Toquade. Toquade. -- Manie.
La toquade est au coup de marteau ce que le tic-tac de la toquante est au bim-bom de la battante.
Chaque maestro a sa toquade caractéristique. Carpani raconte que Gluck, pour
échauffer son imagination et se transporter en Aulide ou à Sparte, avait besoin
de se trouver au milieu d'une belle prairie : là, son piano devant lui, et deux
bouteilles de Champagne à ses côtés, il écrivait en plein air ses deux
Iphigénies et son Orphée.
Sarti, au contraire, ne pouvait composer que pendant la nuit, enfermé dans une
chambre vaste, obscure, éclairée à peine par la lueur d'une lampe funèbre
suspendue au plafond.
Sacchini ne pouvait trouver la moindre mélodie s'il n'avait auprès de lui ses
jeunes chats et sa dame de coeur.
Paisiello composait dans son lit. C'est entre deux draps qu'il trouva son
Barbier de Séville.
Haydn ne se mettait jamais au piano pour improviser sans avoir au doigt la bague
que le grand Frédéric lui avait envoyée.
Beethoven avait la toquade des déménagements et Berlioz celle des orchestres
monstres. Auber était atteint d'équitatiomanie, Rossini de gastromanie et
Meyerbeer de retouchomanie.
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