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ARGOT MUSICAL - Blouser les timbales. > Blouser les timbales. Blouser les timbales. -- En jouer. (Argot d'orchestre.) Mimologisme dont
l'origine remonte au jeu de billard qui contenait autrefois des ouvertures,
appelées blouses, où les billes allaient se perdre avec bruit. Les blouses du
billard ont elles-mêmes emprunté leur nom au jeu d'estoeuf ou de paume. Dans son dictionnaire
étymologique, Roquefort parle de « Jeux, appelés blouses à Orléans, pour le son,
de l'estoeuf heurtant dans le fond de ces lieux caves, au bout desquels il y a
des nattes pour rabattre le coup, afin qu'il ne rejaillist dans le jeu; ains
tombast dans le trou de la blouse. »
Plusieurs artistes distingués ont débuté dans la carrière musicale par l'emploi
de timbalier. Tels sont, entre autres, le célèbre ténor Duprez et le compositeur
Adolphe Adam. « Le spirituel auteur du Chalet, dit M. Oscar Comettant, m'a avoué
qu'il s'était plus d'une fois blousé lui-même en blousant ses timbales. »
Citons encore le plus excentrique des timbaliers de l'orchestre de l'Opéra,
auteur de la musique de plusieurs ballets remarquables. Le nom baroque de cet
artiste faisait son désespoir. On l'appelait au théâtre Chênecerf. Il voulait
qu'on l'appelât Bertrand et il mettait sur ses cartes de visite :
SCHNEITZHOEFFER
(Prononcez Bertrand.)
Il voulut quitter sa place de timbalier qui lui était devenue insupportable,
mais Habeneck, tenant à le conserver, refusa d'accepter sa démission.
Schneitzhoeffer résolut alors de se faire renvoyer.
« Un soir, raconte F. Halévy, pendant la représentation d'un ballet, il exécuta,
au moment le plus
paisible d'un pas de deux gracieux, un formidable roulement de timbales, qu'il
soutint avec fougue pendant deux minutes, à la grande stupéfaction d'Habeneck,
des danseuses et du public, jeta à plusieurs reprises ses baguettes en l'air,
les reçut comme un jongleur et quitta l'orchestre. »
(Derniers souvenirs. F. Halévy.)
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