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ARGOT MUSICAL - État à marteau. > État à marteau. État à marteau. -- Profession de pianiste en chambre. (Argot des commissaires de
police.)
Schanne raconte ainsi dans ses Souvenirs la circonstance qui le força à étudier
ses gammes sur le piano.
« Un jour le commissaire de police me fit appeler. Un quidam, que j'avais pour
voisin de l'autre
côté de la rue, professait le grec et, comme je jouais du piano et non de la
lyre, je lui étais insupportable. Le commissaire me lut les règlements qui sont
peut-être justes, mais qui sont sévères; et il ajouta qu'il était obligé de me
considérer comme exerçant un état à marteau. J'étais bien et dûment averti que
mon bruit ne devait commencer qu'au jour en hiver et à 6 heures du matin en été
pour finir à 10 heures du soir.
Fort bien, mais en bonne conscience, je ne pouvais régaler de la dernière pensée
de Weber l'ennemi que je venais de me découvrir. Alors je voulus achever de
l'abrutir en l'horripilant de mes gammes majeures et mineures, montantes et
descendantes. Très tenace dans ma rancune, je le maintins pendant des mois à ce
régime. Parfois, il ouvrait sa fenêtre ; c'était pour m'insulter dans un
charabia qui était peut-être du grec, et que les habitants du quartier devaient
prendre pour une sorte de bas-breton mêlé d'auvergnat.
Lorsque je jugeai à propos de mettre fin à son supplice, je fus tout étonné
d'avoir acquis une agilité de doigts qui me manquait avant cette heureuse
rencontre. »
(Souvenirs de Schaunard.)
Murger a brodé cet ana dans son chapitre intitulé « La toilette des grâces.»
(La Vie de Bohême.)
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