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Accueil de la bibliothèque > Mémoires de Hector Berlioz MÉMOIRES DE HECTOR BERLIOZ - LIII. Je suis forcé d’écrire des feuilletons. — Mon désespoir. — Velléités de suicide. — Festival de l’Industrie. —  1022 exécutants. — 32,000 francs de recette. — 800 francs de bénéfice. — M. Delessert préfet de police. — Établissement de la censure des programmes de concert. — Les percepteurs du droit des hospices. — Le docteur Amussat. — Je vais à Nice. — Concerts dans le cirque des Champs-Élysées. (2/9) > LIII. Je suis forcé d’écrire des feuilletons. — Mon désespoir. — Velléités de suicide. — Festival de l’Industrie. —  1022 exécutants. — 32,000 francs de recette. — 800 francs de bénéfice. — M. Delessert préfet de police. — Établissement de la censure des programmes de concert. — Les percepteurs du droit des hospices. — Le docteur Amussat. — Je vais à Nice. — Concerts dans le cirque des Champs-Élysées. (2/9)

Il y a quinze ans de cela!... et mon supplice dure encore... Extermination! En être toujours là! qu’on me donne donc des partitions à écrire, des orchestres à conduire, des répétitions à diriger; qu’on me fasse rester huit heures, dix heures même, debout, le bâton de conducteur à la main, exercer des choristes sans instrument pour les accompagner, leur chantant moi-même leurs répliques tout en marquant la mesure, jusqu’à ce que je crache le sang et que la crampe m’arrête le bras; qu’on me fasse porter des pupitres, des contre-basses, des harpes, déplacer des estrades, clouer des planches, comme un commissionnaire ou un charpentier; qu’on m’oblige ensuite, pour me reposer, à corriger pendant la nuit les fautes des graveurs ou des copistes; je l’ai fait, je le fais, je le ferai; cela tient à ma vie musicale et je le supporte sans me plaindre, sans y songer même, comme le chasseur endure le froid, le chaud, la faim, la soif, le soleil, les averses, la poussière, la boue et les mille fatigues de la chasse! Mais sempiternellement feuilletoniser pour vivre! écrire des riens sur des riens! donner de tièdes éloges à d’insupportables fadeurs! parler ce soir d’un grand maître et demain d’un crétin avec le même sérieux, dans la même langue! employer son temps, son intelligence, son courage, sa patience à ce labeur, avec la certitude de ne pouvoir au moins être utile à l’art en détruisant quelques abus, en arrachant des préjugés, en éclairant l’opinion, en épurant le goût du public, en mettant hommes et choses à leur rang et à leur place! oh! c’est le comble de l’humiliation! mieux vaudrait être... ministre des Finances d’une république.

Que n’ai-je le choix! 

Je subissais avec moins de résignation que jamais les inconvénients de ma position, quand, en 1844, eut lieu à Paris l’Exposition des produits de l’industrie. Elle allait être terminée. Le hasard (ce dieu inconnu qui joue un si grand rôle dans ma vie), me fit rencontrer dans un café Strauss, le directeur des bals fashionables. La conversation s’engagea sur la clôture prochaine de l’Exposition et la possibilité de donner dans l’immense bâtiment où elle avait lieu et qui bientôt deviendrait libre, un véritable festival dédié aux industriels exposants.

« — J’y ai longtemps songé, dis-je à Strauss, mais après avoir fait tous mes calculs de statistique musicale, une difficulté m’a arrêté, celle d’obtenir la disposition du local. 
— Cette difficulté n’est point insurmontable, répliqua vivement Strauss, je connais beaucoup M. Sénac le secrétaire du ministre du Commerce, c’est lui qui dirige toutes les affaires de l’industrie française; il peut nous donner les moyens d’exécuter ce projet. »

Malgré l’enthousiasme de mon interlocuteur, je demeurai assez froid. Il fut convenu seulement avant de nous quitter, que nous irions ensemble, le lendemain, voir M. Sénac et que, s’il nous laissait entrevoir la possibilité de disposer du bâtiment de l’exposition, nous examinerions la question plus sérieusement.

Sans s’engager tout à fait, M. Sénac, à l’énoncé de notre demande, ne nous découragea point. Il promit une prochaine réponse, que nous reçûmes en effet au bout de quelques jours et qui fut favorable. Restait à obtenir l’autorisation du préfet de police, M. Delessert.

Nous lui fîmes connaître notre plan, qui consistait à donner dans le bâtiment de l’Exposition un festival en trois journées. Ces fêtes devaient se composer d’un concert, d’un bal, et d’un banquet d’industriels exposants. L’idée de Strauss, de faire après le concert, danser, manger et boire, nous eût sans aucun doute rapporté beaucoup d’argent; mais M. Delessert, en préfet toujours préoccupé d’émeutes et de complots, ne voulut ni festin, ni bal, ni musique, et interdit purement et simplement le festival.

Cette prudence me parut exaltée jusqu’à l’absurde. J’en parlai à M. Bertin, il fut du même avis et sut le faire partager à M. Duchâtel, ministre de l’Intérieur. Ce dernier envoya aussitôt au préfet l’ordre de nous laisser faire au moins de la musique, et M. Delessert se vit contraint d’autoriser un grand concert sérieux pour le premier jour, et un concert dit populaire sous la direction de Strauss pour le second; concert-promenade dans lequel on exécuterait de la musique de danse, valses, polkas et galops, mais où l’on ne danserait point.

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